Sous les bombes de l’Opération Cobra

Hébécrevon et La Chapelle-Enjuger sous les bombes de l’Opération Cobra

Les 24, 25 et 26 juillet 1944, Hébécrevon et La Chapelle-Enjuger se sont retrouvées au coeur d’une des batailles décisives de la Seconde Guerre mondiale : L’opération Cobra

Après le débarquement du 6 juin 1944 et la prise de Cherbourg (26 juin), les troupes américaines sont enlisées dans une «guerre des Haies » : elles se voient obligées d’avancer dans le bocage si typique du territoire normand, plus profitable à la défense allemande. Les pertes humaines et matérielles sont extrêmement
lourdes. Pour en finir avec cette guerre éprouvante, le général Bradley élabore un plan qui permettra de transpercer le front allemand : Le 25 juillet 1944, le plus grand bombardement de tous les temps (3 000 forteresses volantes et 6 000 tonnes de bombes), établi sur une surface de 13 km², pulvérise les troupes allemandes et ouvre la voie aux chars Sherman et à l’infanterie américaine.

Soixante communes sont directement impactées par cette « Grande percée ».

Point névralgique de cet assaut, La Chapelle-Enjuger est entièrement détruite ; mais la percée américaine est réussie : le 25 août 1944, Paris est libérée, Bruxelles le sera dix jours plus tard. Aix-La-Chapelle est la première commune allemande à être libérée, le 21 octobre.

La réussite stratégique et technique de ce plan militaire, reconduit dans d’autres conflits, fait encore l’objet de visites sur le terrain des officiers de l’OTAN, et ne doit pas faire oublier le lourd tribut en vies humaines payé d’abord par les soldats (près de 3000 soldats allemands et américains y trouvèrent la mort).

Du coté civil, on dénombrera 9 morts à La Chapelle-Enjuger, 3 à Hébécrevon : la majeure partie des habitants avaient fui pendant l’exode. Le traumatisme le plus dur pour tous les habitants sera à leur retour d’exode : habitations détruites (la commune de La Chapelle-Enjuger subira la destruction totale de 117 et 66 partiellement, sur les 183 maisons d’alors), chevaux et bovins retrouvés morts… Après la Libération, les habitants mirent tout leur courage pour panser les plaies du plus intense pilonnage de toute la guerre.

En 1947, le préfet de La Manche posait la première pierre de la Reconstruction. Celle-ci devait se faire lentement puisque cinq ans plus tard, des habitants vivaient encore dans des baraques en bois. Peu à peu, les maisons s’élevèrent et la reconstruction s’acheva par celle de l’église en 1960.

Sites et lieux pour préserver et valoriser notre mémoire locale

• Les églises de Saint-Martin à Hébécrevon et Saint-Pierre à La Chapelle-Enjuger, labellisées « Patrimoine du XXème siècle »
• La tombe de Fernand Virette de Sainteny, fusillé en juin 1944 à Saint-Lô, et enterré dans le cimetière d’Hébécrevon
• Les villages de La Mine, L’Aubrie (ou furent enterrées les victimes militaires après l’assaut) et Le Petit- Mesnildot à La Chapelle-Enjuger, théâtre des bombardements.
• Le cimetière allemand, à La Chapelle-Enjuger. Les 3 609 sépultures américaines ont été transférées en 1948 dans les cimetières américains de Colleville (Calvados) et Saint-James (Manche), ainsi qu’aux États-Unis.

A voir également…

Fonds documentaire spécialisé, constitué d’ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement la « Bataille de Normandie ». Le fonds est à découvrir à la médiathèque (en accès libre). Contact : mediatheque@thereval.fr

Sources

L’aimable accompagnement de Monsieur René Gautier, auteur de la brochure Hébécrevon et La Chapelle Enjuger dans l’histoire mondiale, éditée à l’occasion du 75ème anniversaire de la Libération. 2019
Opération Cobra (1944), article du site internet Wikimanche
Photographies et Archives municipales, commune de Thèreval

Soldats américains dans les rues d’Hébécrevon. Archives municipales

Église de La Chapelle Enjuger après les bombardements. Archives municipales

Le cimetière allemand, inauguré en septembre 1961, où reposent 11 169 soldats allemands